Les patrimoines cachés
Longtemps ignoré, le quartier se voit attribuer cette année un thème " Les Patrimoines cachés" parfaitement adapté. Pour livrer tous ses secrets, cependant, il lui faudra encore longtemps ! Le premier mystère bien caché touche au pain offert à la dégustation : qui imaginerait que le four de l’Hermitage produisait l’essentiel de la nourriture pour une maisonnée ? Si, de nos jours, 180 g quotidiens de pain sont consommés en moyenne, la quantité moyenne était de 600 g à l’époque de sa construction [1]
Le second secret touche au vin produit dans le quartier. [2]. Conformément au thème, le pressoir de d’Hastrel [3] est resté "patrimoine caché" cette année pour donner le temps aux spécialistes de l’étudier [4].
Il est un vestige du temps où l’eau de l’Hermitage était peu potable avantageusement remplacée par le Ginglet. Le pressoir monumental se trouve devant un pillier sur lequel 2 vignerons du quartier ont gravé leur nom : chaque soir un rayon de lumière passe une grille [5] qui ainsi les éclaire pour l’éternité sans électricité.
Un patrimoine très connu
Sinon l’Impressinnisme n’est plus à commenter : qui n’a pas entendu parler des séjours de C. Pissarro, de ses rencontres avec P. Cézanne ni des visites de L Piette ou de P. Gauguin dans le quartier ? L’an passé, les aquarelles de d’Hastrel sont venues s’ajouter à la notoriété de l’Hermitage. Quant à Maria Deraisme, sa statue en bonne place, près d’une rue qui porte son nom, ne risque par de passer inapercue.
Même les troglodytes de l’Hermitage ont révélé quelques traces : la présence de Jean Rousseau, manouvrier dans "une carrière servant de demeure" a été découverte par la lecture assidue des Rentes du Carmel de 1642. [6]. Le Service Culturel de la Mairie alerté a dépèché des guides pour faire profiter leur public de ces trouvailles. Rares sont, en effet, les traces de la tradition orale par définition éphémère. Une fois dites, les paroles de l’Hermitage ne sont consignées dans aucun texte littéraire pour éviter une disparition inéluctable. Ainsi, peu à peu, les troglodytes l’Hermitage s’étaient tapi sous terre. Ils truffaient le quartier de patrimoines mystérieux faute d’écrits pour les expliquer vraiment. A qui en douterait, l’Hermitage laisse bien des secrets à découvrir.
Du petit bois pour commencer
Pour le rappeler un rituel s’est établi au cours des 5 années de restauration du four. Il commence par du papier journal bien froissé tapissant le fond d’une cagette prévue à cet effet.
Du petit bois vient s’ajouter au papier : il provient des réserves cachées pour l’occasion puisque la Mairie ne livre que des billots entiers à fendre.
Du bois de derrière les fagots vient complèter la cagette d’allumage pour amorcer la montée en température du mercredi matin au vendredi soir. Lentement, le four ( qui ne sert qu’à cette occasion annuelle) est porté à 250 degrés de manière uniforme. Sa vétusté, en effet, laisse craindre l’effondrement de la voûte. Heureusement, elle ne s’effrite que par endroits : cette année, elle tiendra bien 2 jours encore, espèrent les benevoles.
Reste le gros du bois que la Ville nous garde tout l’hiver : pour les fendre, coins, haches et cognées sont mis à contribution.
A la cognée
De nouveaux bénévoles
Une fois établie l’art et la manière de monter le four de l’Hermitage en température, sans le vriller par des chauffes irrégulières ni l’empester de bois traités par les moyens modernes, les quelques tours de mains pouvaient être transmis à de nouveaux bénévoles. Dès mercredi matin, le four se prépare à recevoir le samedi matin la pâte de la nuit. Sans heurts, la chaleur est emmagasinée dans ses matériaux réfractaires. De là, elle passera dans les pâtons pour donner le pain de l’Hermitage bien connu maintenant des gens du quartier. Echappant quelques heures aux ravages de l’opulence, la chaleur résiduelle du four est ensuite utilisée pour la traditionnelle pizza
[7]
du dimanche soir. Seul gâchis admis de nos jours, les cendres ne sont pas utilisées mais constituaient autrefois un supplément d’engrais. [8]
Ainsi P. Renevey et JP Bourgeois se sont mis au courant de l’art et de la manière. "Il y aura interrogation écrite ? "demande JP Bourgeois après l’épreuve. En lieu et place de l’examen, ces nouveaux bénévoles pouvaient scruter l’endroit où C. Pissarro et P. Cézanne ont planté leurs chevalets côte à côte.
Des projets pour l’an prochain
Naturellement, les nouveaux bénévoles font des projets pour l’an prochain : un bac à fleurs devrait pouvoir être aménagé par la Mairie. A défaut, les abords du four sont nettoyés cette année.
Des pierres et de la poussière sont enlevées pour faire plus propre. A cet endroit, les petites plantes envoyées par la Mairie auront quelques chances de survie.
Le four passe par toutes les couleurs
Moyennant quoi, la lente et régulière montée en température pouvait commencer dès mercredi matin.
La couleur de la voûte donne une indication de la température du four. Une fois prête à la cuisson (250 C), la voûte prend une couleur blanchâtre. Cependant pour préciser la température atteinte divers procédés sont employés suivant les régions. Un feuille de papier journal introduite dans le four devient craquante à bonne température, de couleur noire si le four est trop chaud. Dans certaines régions une poignée de froment teste la température du four : au contact de la sole, la poignée de farine brunit et noircit à 220° C, crépite et fume si le four est à 270 C. D’autres régions utilisent un épi de blé : la couleur que prend l’épi est celle du pain à la cuisson.
La bonne pâte arrive tôt
Le samedi matin donc, la pâte pouvait arriver avec boulangers et pâtissiers.
De plus, des passionnés de pain à l’ancienne ont pu utiliser le four pour tester leurs pâtes.
Pas étonnant que les visiteurs soient nombreux à venir goûter le pain.
La curiosité des visiteurs ne demande qu’à être satisfaite !
Deux étudiantes japonaises férues d’Impressionnisme viennent de Paris et tombent sur un vestige d’un passé agricole révolu !
Deux amis américain et norvégienne se joignent aux artisans pour le repas de midi chez Gaby.
Les fournées de l’après-mid attirent tout autant les visiteurs.
Gaby prend le temps d’initier un arpette à l’art et à la manière d’enfourner.
M. Marc Faregna, secrétaire de l’Association Hermitage Pissarro et une guide de la Mairie de Pontoise présente le quartier à un groupe de visiteurs. [9]
M. JP Clair expérimente des pains ronds qui se conservent plus longtemps que les formes allongées :
Puis le matériel est enlevé : c’est la fin des Journées du Patrimone 2012.