Le ministère ne pouvait pas éviter un jour ou l’autre de désigner l’art pour réfléchir. Il ne pouvait pas non plus arriver les mains vides comme un cheveu sur nos plates-bandes : un concept haut de gamme devait divertir la galerie du haut de l’échelle. Pour satisfaire les autorités, heureusement, le quartier a des artistes sur qui compter. Comme eux, aucun des termes proposés n’est natif de la France-d’en-bas. A maintes et maintes reprises pourtant, il a été illustré sous toutes les coutures. La lumière des cieux de l’Ile-de-France a fait grimper les peintres aux rideaux dans le ciel. Cette impression était suffisante pour leur faire oublier leurs loyers à payer. Habitant la misère, ils n’atteignaient pas la cheville des très grands monuments historiques. Leurs modèles, eux, étaient des précaires sans salaire horaire pour poser en plein air.
Sommés par le haut de traiter le quartier par le bas, les pieds restent sur terre forcément. Pour se faire, il suffit de traduire les arts en la manière. Vus sous cet angle, les arts [1] s’entendent comme savoir-faire, tours de main ou techniques. Malheureusement, personne ne peut les apercevoir en peinture. Au mieux, ils perdurent dans l’air par le bouche à oreille. Ils collent au terrain sans apparaître sur la carte. Pratiques, ils n’ont pas besoin de théories. Ils se passent de tous commentaires tendant à les dénaturer. C’est pourtant leur seule chance d’être transmis. Sinon, ils planent dans l’air comme sur une tombe : vestiges, ils deviennent immatériels un peu partout.
Le tableau ne peut pas tout raconter du pourquoi et du comment des champs de seigle : la toile ne peut pas indiquer que les tiges sont plus longues et plus souples que celles du blé. De plus, empiriquement, le seigle pousse très bien sur le terrain pauvre de la côte des Gratte-coqs. Est-ce que le peintre en avait entendu parlé quand il a planté son chevalet ? Dans le quartier, chacun sait la très grande utilité du seigle. Ses chaumes, tirebouchonnées en liens, livrent les légumes en bottes très régulières. Comptées en fin de journée, à chaque botte son lien, elles restituent au tacheron son salaire journalier.
En a-t-il été de mème pour le four sauvé de la démolition ? Une fois restauré, il a beau être comme neuf, il garde un secret de fabrication du pain d’autrefois.
Pour savoir comment faire il y a 2 siècles, l’art de s’en servir a besoin d’une reconstitution aussi. Pour cette raison, 3 jours de bûches l’ont déjà monté en température quand, le samedi matin, la pâte arrive fraîche de la nuit. Ensuite tout se déroule comme à l’accoutumée.
Une fois son humidité évacuée, il retrouve son activité. Les boulangers s’y affairent. Ils savent lire les thermostats de leurs fournils et calculer la chaleur accumulée. Leurs fours intelligents d’aujourd’hui assurent continuité et qualité de leur pain. Mais mis au pied du four de l’Hermitage, leur savoir-faire leur évite de tâtonner trop longtemps. Naturellement, au fil des années ils ont appris ses particularités. De son côté, le four leur demande de s’adapter. Sans recul à offrir aux boulangers, il les a obligé à couper le manche d’une grande pelle moderne. De cette façon, ils enfournent sans trop de difficultés.
Un plan dessiné du doigt dans la farine place judicieusement les pâtons sur la sole. Déjà, la restauration du four a introduit un matériau moderne dans le tuilage ancien. Dans ces conditions, la sole chauffe relativement mieux que la voûte. C’est dire que les pâtons ont tendance à être trop cuits en dessous et pas assez au dessus. Pour y remédier, les boulangers rivalisent d’astuces de métier. Ils jouent sur la place des pâtons dans le four pour trouver le juste milieu. Un coup de pinceau humide sur la croûte, améliore encore l’aspect doré du pain si recherché. [2]
Localisation de la maison aujourd hui disparue
Pour satisfaire le goût du public pour les oeuvres parfaitement localisées, les reproductions de toiles sont exposées au public. Les visiteurs peuvent se rendre compte de l’endroit où sont représentées les deux maisons dont l’une abritait le four de l’Herimitage Le four lui-même se figure sur une toile de G. Loiseau.
Les œuvres artistiques sont, à proprement parler, des éléments étrangers au paysage d’origine. Elles s’implantent dans les travaux des champs ordinaires. Elles n’enlèvent rien de la bouche des gens du quartier. Les toiles se laissent faire un peu comme un agrément de surcroît ! Deux mondes vivent, sans affrontement, côte à côte. Les uns se font peindre grandeur nature, les autres ont bien d’autres chats à fouetter : ils gardent leurs propres idées pour assurer la matérielle. Ils perdent rarement leur temps à conserver leurs impressions.
Un américain [3], avec le recul, a formulé la raison de ce décalage pas très horaire. Comme ses compatriotes sauvant les toiles du déshonneur français, il excuse l’absence d’œuvres réellement populaires. Occupés tout le temps à couvrir ses besoins très primaires, les petites-gens n’ont, au mieux, que le temps de graver dans la pierre leurs graffitis.
D’autres [4] prennent plus de temps pour fixer leur perception sur la toile.
Mis à part ces pâles imitations de représentations d’ailleurs, le quartier connaît des expressions véritablement populaires. En premier lieu, les chansons [5] dont texte et musique sont distribués sur les marchés pour chanter en choeur des ritournelles à la mode.
Des chansons à boire également dans un quartier à forte production vinicole sont chantées dans les banquets, noces ou assemblées villageoises.
Loin des pratiques quotidiennes couvrant les besoins élémentaires, l’art rejoint le divertissement.
Assis [6] ou debout, l’on chante, l’on cause et l’on médite plus gaîment les proverbes qui viennent aux lèvres des sages, en choquant le verre :
A bon vin il ne faut pas d’enseigne (excepté -au puits sans vin).-
Quand le vin est tiré, il faut le boire.
Vin versé n’est pas avalé.
Un verre de vin avise bien un homme.
On ne connaît pas le vin aux cercles.
Vin trouble ne brise pas les dents.
Nul vin sans lie, même le meilleur.
Vin de grain est plus doux que n’est vin de presse.
Vin rafraîchi porte son eau.
Vin vieux, amis vieux, livres vieux
Les bals également sont l’occasion d’activités festives où garçons et filles se rencontrent.
Mme Lambert, C (autorisation d’utiliser le mur de sa propriété et 3 repas le samedi 21 sept).
Boulangers
Doisneau, M.
Valadon, J.
Foubert, M.
Michel,
Organisations :
Service Culturel de la Mairie de Pontoise : Callandreau, AF.
Service Technique de la Mairie de Pontoise : env. 1 stère de bois
Office de Tourisme : Sylvianne Lefevre, conférencière.
Talmeliers de l’Ile-de-France .
La Maison du four à pain : Causerie du 16 sept sur le thème " Art et Divertissement"
Expositions
About F. " L’Hermitage" un jeu d’enfant.
Blin, N. 2 fragments "Parcours sensible à l’ombre de C. Pissarro"
Dassé F. "Le passé troglodytique de l’Hermitage".
Doucet, JF Localisation du four de l’Hermitage sur les toiles de C. Pissarro, P. Cézanne et G, Loiseau.
Commerces
Ets Arson, (place du Grand Martroy) la pâte du samedi et du dimanche.
Officiels
Seimbille, G. Maire-Adjoint de Pontoise.
Informatique
Susinthiran Sithamparanathan
Remerciements à plusieurs centaines de visiteurs qui ont fait le succès de cette manifestation.