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Les dernières grappes

vendredi 17 juillet 2009, par Jean-francois Doucet

Souvenirs de quelques litres de vin

Quelques souvenirs vieux de près d’un demi-siècle confirment l’ancienne activité viti-vinicole de l’Hermitage. [1].Dans les années 60, Grand père [2] réussissait à produire quelques litres de vin.

Vestige d’une activité viti-vinicole
Un des derniers pieds de vigne du temps de grand père

C’était pour lui une réminiscence du commerce de vins étant jeune. Son père, négociant à Beauvais l’avait habitué à la manutention des fûts et des bouteilles. Pris ensuite par sa Viosne, Grand père, une fois passé cantonnier, avait bien produit quelques bouteilles comme pour lui-même. Mais pour nous, les enfants, obligation nous était faite d’en rester au raisin de table quand les groseillers avaient fini de donner. "Une vraie piquette " disait Grand père pour nous décourager de goûter son essai de production. Il avait conservé en l’état toute une installation de récupération des eaux de pluies. Les quantités accumulées suffisaient largement à nettoyer toutes ses bouteilles.

Un cépage aujourd’hui interdit

S’agissait-il d’un cépage de Noa, [3] maintenant interdit ? Rien ne permet de trancher bien nettement sur ce point. Renseignement pris, les derniers pieds de Noah ont poussé à l’ endroit où s ’est établie la ville nouvelle de Cergy. [4] Il n’existe d’ autre part que du Noah blanc. D’autres sortes de raisins ont poussé dans la région, en particulier le Pinot noir et le Chardonnay. Mais ces cépages ont besoin d’ être traités pour résister. Selon toute vaissemblance, le cépage qui a repoussé sans peine est, par conséquent, un pied de Baco. [5] [6]

Le Ginglet de la région

Le vin que Grand père faisait pour s’amuser n’était pas du Ginglet, sûr et certain [7] Sur le nom du cépage, le mystère reste tout aussi entier. Seul reste du vin "fabriqué maison", un pressoir à main qui a produit, tout au plus quelques bouteilles.

Pressoir à main
Le pressoir à main suffisait pour une production de quelques bouteilles

Sans doute, le pressoir du Bd Jean Jaurès était-il plus productif. Il est, en tous cas, plus imposant. De plus, il a eu l’ honneur d’être exposé au regard des passant. Saura-t-il cependant, à lui seul, rappeler l’activité de la ville ?

Pressoir du Bd Jean-Jaurès
Pressoir exposé au bon souvenir du public pontoisien

Récolté sur les côteaux de Pontoise, l’Hermitage, toujours un peu à l’écart n’en a pas beaucoup entendu parler. Pourtant, il aurait pu avoir le succès du piccolo, vin d’Argenteuil. Mais sur le Ginglet, personne n’a osé se lancer dans la grammaire pour faire un verbe comme "picoler". Le Ginglet s’est contenté de rester associé au hareng de la Foire Saint Martin. De ce coté de l’Oise, on pèchait bien sûr aussi du poisson. Mais il ne méritait pas un vin particulier. Il se mangeait grillé sur un vin ordinaire. Sinon, faute de spécialité locale, une "petite mousse" [8] à l’Hermitage faisait l’affaire.

A l’Hermitage par conséquent, la production de vin au XXème siècle est devenue anecdotique comme dans toute l’Ile-de-France. [9]Sur de faibles surfaces [10]comme à Montmartre quelques milliers de bouteilles [11] font parler d’elles sur la Butte par leur rareté. Pour dire que les associations [12] doivent prendre le relai du commerce pour la rentablité.

Fabrication du vin
Pour le vin blanc et rouge, les différentes étapes de la fabrication du vin
Vinification
Différentes étapes de la vinification

Cette production de vins fait donc partie de tout ce qui se fermentent dans les demeures. Ainsi, chacun chez soi a sa "fabrication maison", soit de vin de cassis soit même plus fort. A moins de connaître un bouilleur dont le privilège oblige à quelques gouttes.

Liens :

Hareng grillé et Ginglet à la foire St Martin

Le Ginglet à Conflans

Notes

[1Lors des Journées du Patrimoine, un des visiteurs du four a affirmé que Mr Parquet demeurant chemin du chou avait encore des vignes dans les années 50 et pressait son vin

[2Grand père, de son nom Paul Auguste Paquis, né le 6 août 1888 à Fresne l’Aiguillon est mort le 25 fèv 1970 à l’hôpital de Pontoise.

[3un cépage hybride producteur direct de Vitis riparia et Vitis labrusca prohibé en France depuis 1935

[4Je remercie Mr R. Bazot de la Commune Libre de Saint Martin pour la clarification de ce point.

[5Le pied de vigne dont une grappe est visible sur la photo a été remis en vigueur par Bosse.

[6Sur des plants américains de moindre qualité mais qui ont la très intéressante particularité d’être résistants au philloxéra et autres agresseurs, et qui servent de porte-greffe, Francois Baco (1865-1947) a pensé greffer des plants “nobles” européens . Cette technique, développée dans l’école de greffage qu’il crée en 1895 lui permettra de mettre au point, en 1897, le célèbre plant Baco 22A (un croisement des cépages Folle-Blanche × Vitis riparia réalisé en 1902). Le vignoble terroir de l’Armagnac sera sauvé par le remplacement de dizaines de milliers de pieds de vigne issus de l’hybridation de François Baco. Et encore aujourd’hui, le nom de Baco est largement répandu et figure en bonne place sur nombre d’étiquettes de cette appellation.

[7Dès 1170, les moines avaient l’autorisation durant la Foire d’ouvrir dans la ville des tavernes et des dépôts de vin pour écouler la production de ginglet. 2 000 litres de Ginglet ont été consommés sur la foire Saint Martin en 2006. C’ est un vin très vert, " à faire danser les chèvres " puisque guinguer signifiant " danser " a également donné la "guinguette " des bords de Marne

[8Nom que l’on donne quelques fois à la bière

[9Il semble que le vin de Pontoise se soit bu à la table de Francois 1er, pour ensuite rencontrer au cours des siècles des fortunes diverses avant que la guerre de 1870 ne soit l’amorce de sa disparition. La première apparition du phylloxéra provoqué par Phylloxera vastatrix en 1863 sonnait le glas des vignobles de l’Ile-de-France. Si pendant la guerre de 1870 la capitale est interdite de vins, les Parisiens se mettront à la bière avant que les chemins de fer n’inaugurent pour les Parisiens l’époque des guinguettes (il semble que la Commune de Pontoise en possède sur le bord de l’Oise à hauteur du Chou près de chez nous un vestige). Il est même possible sans que je puisse l’attester que la dégustation du "vin à l’heure" ait été pratiquée chez les exploitants qui offraient aux consommateurs une heure de dégustation équivalent de "nos assiettes à volonté".

[10exactement 1556 m2

[11exactement, 820 litres soit 1762 bouteilles

[12On compte pour 130 vignes franciliennes une production de 31.000 bouteilles par an avec trois cépages dominants, le Chardonnay (28%), le Pinot noir (18%) et le Sauvignon (11%) qui ne sont pas commercialistés, sont pour la majorité des surfaces plantées (58%) sous gestion municipale ou associative (souvent aidtes par la mairie) et privte pour 42%.

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