Souvenirs de quelques litres de vin
Quelques souvenirs vieux de près d’un demi-siècle confirment l’ancienne activité viti-vinicole de l’Hermitage. [1].Dans les années 60, Grand père [2] réussissait à produire quelques litres de vin.
C’était pour lui une réminiscence du commerce de vins étant jeune. Son père, négociant à Beauvais l’avait habitué à la manutention des fûts et des bouteilles. Pris ensuite par sa Viosne, Grand père, une fois passé cantonnier, avait bien produit quelques bouteilles comme pour lui-même. Mais pour nous, les enfants, obligation nous était faite d’en rester au raisin de table quand les groseillers avaient fini de donner. "Une vraie piquette " disait Grand père pour nous décourager de goûter son essai de production. Il avait conservé en l’état toute une installation de récupération des eaux de pluies. Les quantités accumulées suffisaient largement à nettoyer toutes ses bouteilles.
Un cépage aujourd’hui interdit
S’agissait-il d’un cépage de Noa, [3] maintenant interdit ? Rien ne permet de trancher bien nettement sur ce point. Renseignement pris, les derniers pieds de Noah ont poussé à l’ endroit où s ’est établie la ville nouvelle de Cergy. [4] Il n’existe d’ autre part que du Noah blanc. D’autres sortes de raisins ont poussé dans la région, en particulier le Pinot noir et le Chardonnay. Mais ces cépages ont besoin d’ être traités pour résister. Selon toute vaissemblance, le cépage qui a repoussé sans peine est, par conséquent, un pied de Baco. [5] [6]
Le Ginglet de la région
Le vin que Grand père faisait pour s’amuser n’était pas du Ginglet, sûr et certain [7] Sur le nom du cépage, le mystère reste tout aussi entier. Seul reste du vin "fabriqué maison", un pressoir à main qui a produit, tout au plus quelques bouteilles.
Sans doute, le pressoir du Bd Jean Jaurès était-il plus productif. Il est, en tous cas, plus imposant. De plus, il a eu l’ honneur d’être exposé au regard des passant. Saura-t-il cependant, à lui seul, rappeler l’activité de la ville ?
Récolté sur les côteaux de Pontoise, l’Hermitage, toujours un peu à l’écart n’en a pas beaucoup entendu parler. Pourtant, il aurait pu avoir le succès du piccolo, vin d’Argenteuil. Mais sur le Ginglet, personne n’a osé se lancer dans la grammaire pour faire un verbe comme "picoler". Le Ginglet s’est contenté de rester associé au hareng de la Foire Saint Martin. De ce coté de l’Oise, on pèchait bien sûr aussi du poisson. Mais il ne méritait pas un vin particulier. Il se mangeait grillé sur un vin ordinaire. Sinon, faute de spécialité locale, une "petite mousse" [8] à l’Hermitage faisait l’affaire.
A l’Hermitage par conséquent, la production de vin au XXème siècle est devenue anecdotique comme dans toute l’Ile-de-France. [9]Sur de faibles surfaces [10]comme à Montmartre quelques milliers de bouteilles [11] font parler d’elles sur la Butte par leur rareté. Pour dire que les associations [12] doivent prendre le relai du commerce pour la rentablité.
Cette production de vins fait donc partie de tout ce qui se fermentent dans les demeures. Ainsi, chacun chez soi a sa "fabrication maison", soit de vin de cassis soit même plus fort. A moins de connaître un bouilleur dont le privilège oblige à quelques gouttes.
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